Alors que nous sommes tous confinés, c’est l’heure de la grande sortie pour les bovins. Si l’on mesure encore mieux le plaisir que la mise à l’herbe peut leur procurer, il est important de rester vigilant aux dangers auxquels cette sortie les expose. Depuis quelques années, les tiques font de plus en plus parler d’elles.

Les tiques, ce sont des acariens qui sucent le sang des bovins en restant accrochés à leur peau. Visibles à l’œil nu, on les aperçoit surtout à la base des cornes, sur le fanon et en arrière de l’épaule, du printemps à l’automne, sur des animaux ayant accès au pâturage. Bien que parfois présents en grand nombre, ils entraînent pas de gêne directe aux bovins qu’ils parasitent…Leur principal défaut, c’est d’être vecteur de maladies.

La plus connue est sûrement la piroplasmose. Les bovins atteints ont des urines couleur café bien caractéristique. Cette maladie est d’évolution très rapide : la mort survient en 3 à 4 jours seulement. La maladie commence par une montée rapide en température. Le lendemain, l’animal parait fatigué et son urine est déjà modifiée. On l’observe plus facilement après avoir fait relever l’animal qui se met naturellement à uriner. Il est temps d’agir : votre vétérinaire dispose d’un médicament très efficace s’il est utilisé dans les 36 premières heures.

Les éleveurs connaissent habituellement les prairies où cette maladie est présente. En effet, l’agent responsable de la maladie ne colonise pas toutes les populations de tiques. Cependant, on observe depuis quelques années une tendance à l’extension de la piroplasmose. Ce sont, par exemple, des prés où on n’avait pas vu la maladie depuis plus de 20 ans, ou encore, des cas en dehors des mois les plus à risque que sont avril et septembre. Un point positif : les animaux de moins d’un an s’immunisent à vie sans être malade. Le danger est alors pour les animaux d’achat plus vieux… Souvent naïfs pour la piroplasmose, ils peuvent déclarer la maladie dans le premier mois de leur arrivée au pré.

L’ehrlichiose est également une maladie transmise par les tiques qui s’étend. Elle est souvent méconnue des éleveurs qui la rencontrent pour la première fois. Elle provoque des pics de température impressionnants, pouvant dépasser 41°C. Paradoxalement, l’animal concerné parait peu voire pas abattu si c’est un animal jeune. C’est autre chose pour une vache laitière en début de lactation : l’appétit est en berne… la chute de lait est brutale et marquée et il faudra une quinzaine de jours pour un retour à la normale. L’ehrlichiose provoque également des avortements : Pensez-y lors d’avortements aux champs, même précoces, et faites effectuer un prélèvement. Une fois la maladie mise en évidence, il existe des solutions pour en limiter l’impact car l’immunité met plusieurs années à s’installer dans un troupeau.

Nicolas GAUDOUT Vétérinaire conseil GDS 53