Les discussions avec plusieurs vétérinaires du Sud-Ouest et l’enquête GDS France sur les départements des Pyrénées  64 et 65 permettent de mieux connaître l’incidence de la MHE en élevage bovin. Notons qu’il s’agit d’une zone très majoritairement allaitante avec des conditions d’élevages pouvant être éloignées de nos conditions en Mayenne donc soyons très prudents en matière d’extrapolation.

La première remarque à faire est son extrême contagiosité inter cheptels. Des zones géographiques entières semblent  touchées à 100%  (il semblerait qu’une seule piqure d’un Culicoides infecté par le virus  suffise à transmettre la maladie).

En matière de contamination intra cheptel et de pourcentage d’animaux malades dans le troupeau  (taux de morbidité), elle est extrêmement variable sans que l’on comprenne les facteurs : de 2% à 100% (médiane sur le 64 et 65 : 13,2%).

Une forte variabilité inter-cheptel de la mortalité chez les adultes allant de 0 à 10 % soit de 1 à 4 animaux par élevage a été observée. Le taux de létalité (nombre d’animaux morts/nombre d’animaux ayant des signes cliniques) est estimé à 1% par un vétérinaire du 64.

Ce sont les animaux adultes de plus de 24 mois qui sont très majoritairement  touchés. Les deux populations à risque sont les animaux en peripartum (15 jours avant et 15 jours après vélage) et les animaux âgés (plus de 10 ans en élevage allaitant).


Les signes cliniques observés par fréquence :

  • Lésions du mufle : congestion et lésions nécrotiques et ulcératives (croûtes aussi observés ainsi que des pétéchies, petites lésions rouges)
  • Hyper salivation et jetage nasal
  • Hyperthermie très variable (de 38° 5 à plus de 41°C)
  • Anorexie et abattement notamment du fait de  lésions ulcératives dans la gueule occasionnant une perte d’état très rapide
  • Boiterie et démarche raide, les animaux semblent marcher sur des œufs
  • Très fortes conjonctivites avec larmoiement
  • Prolapsus de la langue : l’animal ne peut plus rentrer la langue
  • Œdème au niveau des paturons, des boulets pouvant remonter aux carpes et aux tarses
  • Œdème au niveau du pis avec croûtes et pétéchies (petites lésions cutanées rouges)

Globalement, ce sont les mêmes signes que la FCO.

En matière de troubles de reproduction, on observe avant tout des vêlages prématurés avec veaux normaux. Des avortements ont été observés mais il est trop tôt pour en estimer l’incidence.


Crédit photos : © GDSF-Sngtv-MHE-les-signes-cliniques

Des traitements de support efficaces :

Pris à temps, les injections d’AINS de type flunixine ou d’acide tolfénamique sur plusieurs jours permettent de réduire rapidement le  syndrome inflammatoire et la douleur des animaux.

Dans les cas où les symptômes inflammatoires sont plus importants, un vétérinaire est passé directement  à des glucocorticoïdes injectables si les animaux ne sont pas gestants.

Une couverture antibiotique pour éviter les surinfections bactériennes est très majoritairement mise en place.

Le drenchage plusieurs fois par jour et sur des périodes de plusieurs jours a dû être nécessaire sur des animaux très atteints qui ne pouvaient ni boire ni manger.


François JANKOWSKI Vétérinaire GDS Mayenne