Depuis 25 ans, les GDS ont acquis une expertise en Paratuberculose. Afin de parfaire leur connaissance de la maladie et améliorer sa gestion collective, les GDS du Grand Ouest mutualisent leurs moyens techniques, financiers et humains et investissent dans des programmes de recherche. Leurs travaux menés depuis 10 ans ont conduit à développer de nouveaux outils qui permettent aujourd’hui de gagner en efficacité et d’envisager à terme une nette amélioration du statut sanitaire des troupeaux.
A l’origine, il y avait PARADIGM,
Entre 2014 et 2019, le GDS de la Mayenne participe au projet PARADIGM au sein d’un consortium regroupant les GDS du Grand Ouest, ONIRIS, INRAe, ALLICE, APIS-GENE.
Pendant 5 années, les GDS ont collecté des milliers de bovins laitiers de race Prim’Holstein et Normandes :
- Des bovins CAS, infectés, malades cliniquement ou sérologiquement positifs aux dépistages
- Des bovins TEMOINS, appartenant à la même cohorte de naissance (et donc exposés aux mêmes risques de contamination) mais restant sérologiquement négatifs.
Ces deux populations ont été génotypées afin d’étudier leur génome. Finalement, cette étude est venue valider notre hypothèse de départ. Il existe bien une composante génétique à la résistance/sensibilité à l’infection par la paratuberculose avec une différence marquée dans le patrimoine génétique entre les animaux infectés et les autres.
Suite à ces travaux, un indicateur génomique est calculé. Il caractérise les individus, dès leur naissance, en fonction de leur sensibilité ou leur résistance à l’infection par la mycobactérie de la Paratuberculose (MAP). Cet indicateur est désormais disponible en race Prim’Holstein depuis 2022 et Normande depuis 2024.
Quatre statuts sont définis : Très Sensible (TS), Sensible (SS), Standard (SD) et Résistant (RT).
Les animaux Très Sensibles qui représentent environ 5% d’un effectif sont ceux qui réagissent majoritairement en sérologie. La dose faisant le poison, des bovins Résistants peuvent également s’infecter s’ils sont soumis à une forte pression d’infection mais leur proportion est extrêmement faible. Ainsi, un bovin très sensible a 22 fois plus de risque d’être séroÅ qu’un bovin Résistant.
Cette étude ouvre des perspectives intéressantes pour les éleveurs qui génotypent leur troupeau. En fonction du statut de chacune des femelles, il est possible d’élaborer des stratégies d’accouplement. Les femelles trop sensibles pourront être écartées de la reproduction tandis que les souches résistantes seront sélectionnées pour être inséminées en semence sexée. Du côté des catalogues des taureaux commercialisés, seuls demeurent aujourd’hui des individus améliorateurs. Certains sont considérés comme résistants et sont signalés par le pictogramme RPTB.
Ainsi, en anticipant les plans d’accouplement de ses génisses, l’éleveur pourra améliorer la résistance globale des troupeaux.
Du côté des GDS, ce nouvel outil permet également de renforcer la lutte contre la Paratuberculose en permettant un gain de temps et une meilleure efficacité dans les plans d’assainissement, en ciblant les dépistages. La fréquence et l’âge des dépistages peuvent être adaptés en fonction du statut génomique de chaque individu.
Bienvenue à PRISSME
Fort de cette expérience, le consortium, rejoint par IDELE et Races de France poursuit ses recherches en « s’attaquant« à présent, aux races allaitantes. Les GDS de la Picardie et de la Nouvelle Aquitaine sont également venus se greffer aux GDS historiques.
Les partenaires du projet:
Le projet PRISSME (Paratuberculose : Résistance à l’Infection, Sélection, Souches MAP, Microbiotes et Epidémiogénétique) est un programme de recherche s’étalant sur 48 mois (2025-2029). Il se divise en 7 thématiques avec pour objectifs d’évaluer l’influence génétique sur la résistance à l’infection, d’étudier les souches de MAP (Mycobacterium avium paratuberculosis) et de déterminer les mécanismes génétiques intervenant dans la résistance (étude génétique et analyse du microbiote des bovins).
9 races allaitantes participent à l’étude.
La collecte et l’échantillonnage des bovins ont été confiés aux GDS. Ils auront lieu durant les deux prochaines campagnes de prophylaxie 2025-2026 et 2026-2027. Cette première étape du projet est primordiale. Elle détermine la suite des recherches.
Il nous faudra obtenir le plus grand nombre d’animaux phénotypés et génotypés dans chaque race pour maximiser les tailles des populations de référence.
En Mayenne, il sera relativement aisé de collecter des bovins dans les races les plus représentées dans notre département (Blonde d’Aquitaine, Limousine, Rouge des Prés). Quelques individus en race Salers et Parthenaise pourront être collectés et génotypés. Pour les autres races absentes de nos territoires, les GDS des bassins de race, associés au projet sous l’égide de GDS France, assureront la collecte de données.
Dans les élevages en plan d’assainissement du GDS, les bovins CAS détectés lors des dépistages et les TEMOINS rattachés seront collectés. Les éleveurs concernés recevront ensuite la visite d’un technicien de l’OS afin de réaliser des prélèvements de cartilage d’oreille servant au génotypage et des prélèvements fécaux pour la caractérisation des souches de mycobactérie et l’analyse des microbiotes.
Ce nouveau projet est ambitieux et rassembleur. Il regroupe le réseau des GDS, la famille génétique et partenaires scientifiques avec pour seul objectif de créer de la connaissance au service des éleveurs. Espérons que cet attelage nous apporte les résultats escomptés. A l’instar des races laitières, la mise en évidence de marqueurs génétiques serait une aide précieuse pour gérer la Paratuberculose dans les élevages allaitants généralement très impactés par l’infection.












































