Les semaines qui suivent la rentrée en bâtiment sont souvent l’occasion de faire le point sur la gestion du parasitisme pendant la saison d’herbage.


Les génisses ont elles souffert d’une infestation par les strongles gastro-intestinaux ou au contraire ont-elles été trop protégées de ces parasites ?


Le dosage du pepsinogène est un bon indicateur de l’infestation. Cette proenzyme digestive, présente dans la caillette, va passer dans la circulation sanguine par les perforations de la muqueuse provoquées par les larves de strongles. L’augmentation du taux de pepsinogène sanguin est donc proportionnelle à l’intensité des lésions. Celles-ci étant, de façon très majoritaire, dues à la présence de parasites chez les ruminants élevés au pâturage, ce dosage peut être utilisé comme moyen indirect d’appréciation de l’importance des lésions et, par extension, du nombre de parasites présents. Il est le reflet de la réaction de la caillette à l’agression parasitaire.


Des prises de sang sur 5 génisses laitières de 1ère année de pâture (ou de 2ème année en allaitant) permet d’évaluer le niveau d’infestation du lot en fin de saison. En réalisant la moyenne des 5 dosages, il est possible de mesurer l’efficacité des mesures antiparasitaires et de décider de l’éventualité d’un traitement de rentrée.


Si le taux de pepsinogène est « élevé », la pression parasitaire a été importante et un traitement permettrait de détruire une partie des larves dans la caillette (enkystées ou pas). Le taux de pepsinogène obtenu doit aussi permettre de choisir le type de traitement à employer. Il est aussi intéressant de revenir sur la pratique du pâturage et la gestion des traitements antiparasitaires.


A l’inverse, si le résultat est « faible », la pression parasitaire est limitée et le traitement de rentrée ne doit pas être pas systématisé. Des taux très bas peuvent être le signe d’un contact insuffisant avec le parasite et donc la constitution insuffisante d’immunité vis-à-vis des strongles digestifs. 


Le bilan des résultats obtenus durant cet hiver montre des taux majoritairement faibles, en dessous des normes recommandées. Les animaux ont été faiblement infestés et ont développé peu d’immunité. Les raisons sont liées aux conditions climatiques de l’été 2020. La sécheresse a empêché la maturation des larves qui n’ont pu atteindre le stade infestant. Sans pousse d’herbe, les génisses ont dû être fortement supplémentées, réduisant encore le contact parasitaire. Il en résulte une faible immunité qui peut générer un risque pour la prochaine sortie à l’herbe.


Il faudra donc être vigilant pour ces 2ème années au printemps prochain et accompagner l’acquisition de l’immunité par des traitements ciblés et/ou des rotations de parcelles….tout en gardant un œil sur la météo.

Pascal Le BÉGUEC – Conseiller en élevage