Chez les caprins, la pathologie respiratoire peut parfois provoquer des pertes économiques importantes, par le nombre de malades, et par les pertes de lait non commercialisé suite à traitement antibiotique – ce d’autant plus que les effectifs s’accroissent. C’est parfois une maladie d’urgence, lorsque de nombreux animaux sont atteints ; l’instauration d’un traitement doit être rapide pour limiter les conséquences, notamment en réforme de certains animaux incurables

Les lots concernés et les germes en cause

L’Observatoire des Maladies Caprines (OMACAP) a relevé entre 1999 et 2012 la fréquence des affections respiratoires : dans 13% des élevages, sont concernées les chevrettes en phase lactée; dans 30% des élevages, ce sont les chevrettes en post sevrage qui sont atteintes ; et 11% des élevages voient leurs chèvres adultes affectées par les pathologies respiratoires.

Et sur cette même période, les analyses mettent en évidence des pasteurelles (particulièrement Manheimia haemolytica) sur les chevrettes malades dans presque 6 cas sur 10 ; et des mycoplasmes sur les adultes malades dans presque 3 cas sur 10, avec parfois une association des 2 types de bactéries

Les virus à tropisme respiratoire (PI3, RSV, Adénovirus) ne sont responsables que d’affections bégnines, sauf lors de co-infections avec des pasteurelles ou mycoplasmes.

Les symptômes qui doivent alerter

Les signes habituellement observés sont de la fièvre accompagnée d’une congestion des muqueuses et d’une baisse d’appétit, et une baisse de production pour les chères adultes. On peut observer de la toux, des éternuements, du jetage. Les symptômes peuvent être très discrets, notamment sur les jeunes chevrettes. Et on observe aussi parfois des pasteurelloses suraiguës sur des chevrettes à l’allaitement, parfois très jeunes (septicémies à point de départ pulmonaire)

Traitement et correction des facteurs de risque

En parallèle de prélèvements d’autopsie pour isolement du germe en cause et antibiogramme, la mise en place très rapide d’un traitement antibiotique et anti-inflammatoire est essentielle pour limiter les pertes.

Il est souvent nécessaire de traiter l’ensemble du lot (métaphylaxie), avec la difficulté de tenir compte des délais d’attente sur le lait lorsque les adultes sont concernées.

Les facteurs de risque de ces pasteurelloses sont nombreux : cela peut être des achats récents, des stress comme une réorganisation des lots ou le sevrage, un logement surchargé, un bâtiment dont l’ambiance présente des limites – différentiels de température jour-nuit importants ; hygrométrie ou teneur en ammoniac élevées ; ou bien encore l’accroissement du troupeau oblige à un agrandissement du bâtiment : un volume supplémentaire est créé mais désorganise parfois la circulation d’air avec apparition de courants d’air latéraux ou de retombées d’air froid sur les animaux.

Un vaccin peut être utilisé, destiné à prévenir la pasteurellose ovine (Ovilis Pastovax) ; l’avantage est qu’il est orienté contre plusieurs souches de la pasteurelle M. Haemolytica, dont le type A2 qui est dominant chez les caprins. Il permet de diminuer la mortalité globale, mais ne remplace pas les améliorations apportées à l’ambiance et la ventilation des bâtiments.

Marie-Hélène GUILBERT Vétérinaire conseil