L’utilisation de l’eau des puits et forages est courante en élevage : en Mayenne c’est près de 70 % des volumes d’eau utilisés par l’élevage qui proviennent des ressources privées (Forages 65 %, puits : 30 %, sources 5 %). La qualité globale de ces eaux souterraines est très nettement meilleure que celles des eaux superficielles (mare, étang, rivière et ruisseau) qui elles, sont à exclure de l’abreuvement des animaux pour éviter des désordres sanitaires dans les élevages.

Les eaux de puits et forages présentent des contaminations plus ou moins fortes par les bactéries.

Pour être appréhendée précisément, la qualité bactériologique de l’eau ne peut se résumer aux deux seuls critères de surveillance (Entérocoques intestinaux et Escherichia coli) pris en référence pour la CBPE.

D’où proviennent les bactéries de l’eau ?

Toutesles bactéries présentes dans l’eau n’ont pas la même origine :

  1. Les bactéries d’origine fécale n’ont rien à faire dans l’eau, elles proviennent de l’intestin des animaux à sang chaud et sont excrétées dans les effluents d’élevage ou domestique. Elles sont véhiculées par l’eau et rejoignent les zones de captages de l’eau ou directement le puits ou le forage. A l’analyse elles sont nommées entérocoque et E. coli.
  • Les bactéries liées au développement d’un biofilm interne aux installations d’eau (puits, forages, cuve de mise en pression et canalisation de distribution), les conditions de milieu  favorisent leur accrochage et leur multiplication : présences de dépôts minéraux : fer, manganèse, calcaire… . La présence de matières organiques, la température, les zones d’absence de circulation de l’eau, vont leur permettre de se développer elles pourront se retrouver à l’analyse : coliformes totaux, bactéries anaérobies sulfito-réductrices, et aussi les bactéries revivifiables à 22° et 36°C.

Comment maitriser ces contaminations ?

En présence de bactérie fécale : Il faudra donner priorité à la recherche de l’origine, et aux mécanismes de transfert. La protection du captage d’eau : puits bien situé, et étanche contre les  infiltrations directes ou de proximité, forage cimenté sur 10 à 20 m de profondeur afin de ne capter que des eaux profondes. Les bactéries du biofilm, quant à elles, signent le besoin d’entretien des installations d’eau : nettoyage, décapage, désinfection.

Dans les cas d’analyses non conformes, plusieurs étapes indissociables sont à considérer : La maîtrise de toute infiltration au captage, l’entretien des installations d’eau (purges complètes, vidange et curage des puits, nettoyage, décapage des canalisations). Des désinfections régulières viendront compléter les étapes précédentes.

Le traitement permanent par pompe doseuse :

L’ajout d’une substance biocide permettra de terminer la désinfection et devra assurer la bonne qualité jusqu’aux points d’utilisation de l’eau : abreuvoirs, robinets, bac de lavage, etc.

La réglementation européenne sur les biocides est en cours d’établir les substances, méthodes et usages utilisables en élevage avec à la clé, un dossier d’AMM (Autorisation de Mise sur le Marché) validé par l’ANSES (Agence Nationale de curité Sanitaire). A ce jour, le produit doit au mieux être autorisé actuellement pour l’eau potable ou à minima avoir un agrément TP5 (utilisable pour le traitement de l’eau de boisson des animaux).

En premier, il faudra maîtriser les critères de physico-chimie de l’eau, qui entreraient en réaction avec ces oxydants, et susceptibles d’en inhiber l’effet désinfectant, et/ou créer des sous produits indésirables voire dangereux. Les teneurs en matières organiques, fer, manganèse, ammoniaque, nitrites feront l’objet d’analyse au préalable. Pour obtenir la désinfection de l’eau, il faudra, quelque soit le produit, respecter, les composantes suivantes : une dose résiduelle compatible avec l’abreuvement ou l’usage, un temps de contact et d’action suffisant, la prise en compte de la nature des « microbes » à maîtriser : type de bactérie, les virus, les algues et champignons… Il faudra aussi pouvoir à l’aide de test terrain doser facilement le produit résiduel avant usage de l’eau.

Les produits couramment utilisés :

Le chlore reste le plus utilisé en élevage sous trois formes principales : les hypochlorites, les DCCna, (dichloroisocianurate de sodium), le dioxyde de chlore. L’efficacité est sujette à variations (mais atteint 65 % de conformité). Chacune d’entre elles présente des avantages, des limites et des conditions d’utilisations pour réussir ce traitement. Les coûts au m3 d’eau traitée varient de 0.10 à 0.60 €.

Les mélanges peroxyde d’hydrogène et acide peracétique stabilisés  arrivent plus récemment en élevage : bonne efficacité mais à concentration élevée, demeurant d’un coût souvent élevé. (0,30 à 0.50 euro/ m3 d’eau traitée).

Le peroxyde d’hydrogène seul ne présente pas une grande efficacité en désinfection (30% de -conformité) mais possède un aspect nettoyant sur les dépôts intérieurs.

Quelques autres spécialités parfois présentes, n’ont pas d’homologation, et sont donc vouées à disparaître.

L’évolution de la législation et les agréments obtenus permettent de valider dans leurs usages les nouveaux produits qui arrivent.

Quelques soient ces produits de traitement bactériologique de l’eau, ils doivent être utilisés en finition et dosés à concentration adaptée, sous peine de générer des sous-abreuvements, des désordres digestifs. Il arrive de rencontrer des teneurs en chlore « bien supérieures à celles des piscines » engendrant des réactions, ou des lésions sur les animaux consommant ces fortes concentrations d’oxydant.

Le bon dosage, reste celui qui permet la maîtrise totale des bactéries pour éviter d’en sélectionner des souches résistantes et ceci sans excès de produit résiduel. L’analyse d’eau validera la désinfection et le dosage régulier du produit de traitement permettra d’adapter la dose au plus juste.

Loïc Fulbert Conseiller Spécialisé GDS Mayenne