Enjeux de maitrise et origine des contaminations

Même si les maladies d’origine hydrique touchant des animaux ne sont pas si fréquentes ni évidentes, l’intérêt de maitriser la qualité de l’eau utilisée dans l’élevage est bien réel.

  • Le mode d’élevage, les performances de production, l’âge des animaux, l’espèce animale, sont les principaux facteurs de variation influençant le risque sanitaire de consommation d’eau contaminée par des bactéries.
  •  Les bactéries des analyses d’eau ne sont que rarement celle en cause dans des pathologies sur des animaux, elles ont un rôle de traceur d’un type de contamination :

 Par exemple les flores fécales recherchées classiquement dans l’eau sont Eschérichia Coli.et entérocoques intestinaux; leur présence signera donc une origine fécale de la contamination. Elles peuvent de toute évidence être accompagnées de souches virulentes de ces bactéries voire de bactéries autres (ex : salmonelles, clostridium perfringens) plus pathogène mais de même origine que ces traceurs.

L’utilisation de l’eau pour nettoyer la vaisselle laitière (machine à traire, tank) ou tout autre matériel et instrument en contact avec des denrées alimentaires, ne devra en aucun cas présenter de contaminations fécales à l’analyse. Exigence CBPE : Absence d’Escherichia coli et d’entérocoque 

Ensuite deux types et formes de bactéries aideront à diagnostiquer la présence de biofilms plus ou moins anciens et ou actifs. Les spores de bactéries anaérobies sulfito réductrices décelées dans l’eau proviennent des formes végétatives de ces mêmes bactéries issues des couches inférieures des biofilms (zone d’anaérobiose) ou  des dépôts minéraux (fer, manganèse, limons)  Ces dépôts sont présents dans les installations d’eau, canalisations, fond de cuve de mise en pression, cuvelage du puits, etc…

 En complément, des  catégories moins spécifiques  de bactéries,  seront  recherchées dans l’analyse d’eau ce qui permettra d’estimer le niveau global de contamination,  avec les germes totaux à 36°c et à 22°c (microorganismes/bactéries  revivifiables)

Que faire en cas d’analyse non conforme :

  1. S’assurer que le résultat provient d’un échantillon fiable et représentatif : condition de prélèvement, point de prélèvement, période de l’année, condition de transport et enfin méthode analytiques référencées.
  2. Interpréter finement l’analyse pour approcher le niveau et l’origine de la contamination.
  3. Effectuer un diagnostic sur site pour identifier et hiérarchiser les facteurs de risques et explicatifs du mauvais résultat.
  4. Engager une démarche d’amélioration débutant par la maîtrise des sources de contamination au captage et dans les installations d’eau.
  5. Effectuer les opérations d’entretien qui font souvent défaut : nettoyage des puits et forage, purge totale et nettoyage des cuves de mise en pression, des canalisations d’eau, amélioration de la conception des réseaux d’eau Eliminer les « bras morts et les circuits d’eau complexes et non différenciés.

Comment et que choisir comme « traitement bactériologique » :

Lorsque les étapes précédentes, incontournables, sont maîtrisées, il est possible pour sécuriser et parfaire la qualité bactériologique de l’eau en élevage, d’avoir recours à un traitement permanent.

Le choix du mode de traitement (dosage de chlore, dosage de peroxyde d’hydrogène et ou acide peracétique, rayonnement Ultra Violet, filtration ultra fine etc. . devra se faire en fonction de plusieurs critères :

  1. La législation en vigueur et/ou les cahiers des charges de production présents sur l’exploitation.
  2. La prise en compte et la maitrise préalable de la qualité physico-chimique pour une adéquation des paramètres (pH, fer, manganèse, COT*, turbidité, TH**) avec le type de traitement bactériologique choisi.
  3. Le choix entre l’utilisation de produit chimique injecté dans l’eau ou un traitement plus physique.
  4. Le coût d’investissement et de maintenance, le coût des consommables utilisés.
  5. Le risque de formation et la dangerosité des sous-produits de traitement. (THM***, chlorates etc)
  6. La possibilité de contrôler par de simple « test terrain » du bon fonctionnement.
  7. La simplicité, la fiabilité des installations de traitement d’eau pour une bonne prise en main de l’utilisateur.

Tous ces éléments seront examinés lors d’un diagnostic par un conseiller spécialisé avant investissement

Suivi et maîtrise des stations de traitement bactériologique

L’éleveur doit se faire expliquer clairement et complètement le fonctionnement par le vendeur et le monteur de la station de traitement.

  1. Le matériel choisi et son montage doivent permettre une parfaite fiabilité en fonction des caractéristiques de débit et de pression d’eau sur le site d’exploitation.
  2. La durée d’utilisation, les conditions de stockage, la dangerosité des systèmes et produits  doivent être prise en compte. Ex : Une solution de chlore (hypochlorite de sodium) doit être conservée à l’abri de l’air et de la lumière, à une température maxi et limitée dans le temps de 20°, être préparée dans un bac propre avec une eau ne générant pas de sous-produit dans la cuve, la durée d’utilisation ne doit pas excéder 3 à 4 semaines maximum pour garder son pouvoir désinfectant et limiter le risque de présence de chlorates dans la solution.
  3. Le contrôle du bon fonctionnement (test chlore, test peroxyde d’H2, vérification de la lampe UV, etc…) sera fait par l’utilisateur régulièrement (1 fois par mois).
  4. Le contrôle de l’efficacité de la désinfection  par une ou deux analyses bactériologiques à des robinets proches des points d’utilisations de l’eau validera la bonne maîtrise de la qualité bactériologique de l’eau

En cas de difficultés de maîtrise de l’eau : retour d’analyse d’eau non conforme après traitement ou de non maitrise des stations de traitement, le recours à un diagnostic approfondi par un conseiller spécialisé permettra  la recherche des solutions pour résoudre le problème.

* COT : carbone organique total, critère mesurant les matières organiques dans l’eau.

Objectif : eau souterraine :<1mg :L

** Titre hydrotimétrique : Teneur en calcium et magnésium de l’eau, en degré français

Eau équilibrée : 14 à 25 °F

****THM :Trihalométhane : Sous produits issus de réaction du chlore avec les matières organiques :limites < 0.1mg/L

                                                                                       Loïc FULBERT

                                                                                       Conseiller spécialisé eau GDS 53