L’eau de boisson a-t-elle un impact ?
Qu’est-ce que la subacidose ?
Une ration trop riche en glucides fermentescible et/ou des particules ingérées trop fines, provoque un déséquilibre entre les résultats des fermentations et les tampons salivaires. En effet, une telle ration ne génère pas une rumination suffisante provoquant ainsi une variation du pH ruminale entre 5 et 6, habituellement à 6,5.
Ne pas confondre avec acidose clinique ou aiguë
L’acidose aiguë est la conséquence d’une consommation importante de glucides fermentescibles (concentrés, blé, orge,…). Cette consommation inhabituelle provoque une baisse du pH ruminal (<5) et une réorientation de la flore ruminale. La flore amylolytique se développe au détriment de la flore cellulolytique. L’acidose aiguë nécessite une intervention urgente du vétérinaire.
Subacidose, acidose latente ou chronique, les facteurs de risques
Excès dans la ration d’aliments rapidement fermentescibles, fourrages taillés trop fins, manque de fibrosité dans la ration (trop peu d’aliments avec effet « grattant »), absence de transition alimentaire entre les fourrages ou pour les concentrés (après vêlage).
Surveillance au quotidien
- Le comportement alimentaire : l’isolement lors des repas et la rumination. Il faut environ 65 coups de mâchoire par bol alimentaire régurgité.
- Observation des bouses. En cas de subacidose la couleur des excréments est claire, aspect liquide et la taille des grains de maïs augmente.
Observations régulières
- Observation de la qualité du lait individuelle, en étant attentif à la différence de points entre le TB et TP (tableau ci-dessous)). En début de lactation, le TB est faible, en raison de la mobilisation du tissu adipeux. Les résultats du lait du tank sont également à observer.
- La fourbure est une conséquence de la subacidose qui apparait quelques mois après (2 mois ou plus).
Observation complémentaire
Des éleveurs ont noté une rougeur au-dessus de la couronne du sabot sur les vaches en cas de subacidose.
PH DE L’EAU ET SUBACIDOSE ?
- « Existe-il un lien entre l’acidité de l’eau ingérée et les subacidoses chez les vaches laitières en production ? » Etude réalisée par Mekki Julie, au GDS 53 en 2012/2013.
Une enquête de terrain réalisée dans 28 élevages avec une moitié en eau acide, pH moyen de 5,81, et une autre moitié avec une eau à pH basique 7,11.
Les eaux utilisées en élevage pour l’abreuvement en Mayenne sont captées à partir de puits et de forage. Les eaux de puits sont globalement plus acides que celles des forages : -1.2 points de pH en moyenne. L’influence majeure sur le pH de l’eau provient de la nature des terrains traversés par les nappes d’alimentation :
- Les roches de socle (granite/schiste) donnent des eaux avec un pH nettement inférieur aux eaux provenant de terrains sédimentaires ou calcaire (-1.8 points en moyenne).
Constats
L’étude a révélé qu’il n’existait pas de lien entre l’acidité de l’eau d’abreuvement et l’apparition des subacidoses chez les vaches laitières.
Préventions/traitements
- Apports de substances tampon (bicarbonate de soude, …) 150 à 200g/vache/jour dans les rations à risque.
- Incorporation de fibres dans la ration ayant un pouvoir « grattant » (luzerne, paille,…).
- Mise à disposition en libre service de fourrages appétant (foin, enrubannage, …).
- Réaliser les transitions alimentaires recommandées : 3 semaines.
Les groupes « acide » et « basique » ont autant de cas de subacidoses l’un que l’autre.
En revanche, l’étude à mis en évidence deux facteurs de risques bien connus liés à l’alimentation : l’absence d’incorporation d’aliments « grattant » dans la ration de base et le manque de transition de concentrés après le vêlage.
CONCLUSION
L’impact de l’acidité de l’eau (pH ≤ 6.5) est réel sur la longévité des installations d’eau, dégradation des canalisations, cuves, raccords constitués de métaux oxydables (acier/acier galvanisé/cuivre/laiton).
De plus, l’eau acide (agressive) participe à la solubilisation de ces métaux, mais les concentrations en cuivre, zinc n’augmentent que très rarement au-delà des recommandations maximales pour la potabilité de l’eau.
Ces eaux acides peuvent être corrigées par des traitements appropriés comme la neutralisation par ajout de soude (normée eau potable) ou la mise en place de neutralisateur sur calcaire marins ou terrestre.
Loïc Fulbert, Conseiller Spécialisé GDS Mayenne,
