Les principaux objectifs du parage sont de rétablir un équilibre dans la répartition du poids entre les onglons internes et externes, de soulager le talon en balançant ce poids vers la pince et de corriger les lésions débutantes.

Il est clair qu’un bon programme de parage est une composante essentielle de la prévention des boiteries. Tout autant parce qu’il peut diminuer l’incidence de celles-ci que parce qu’il limite fortement la dégradation des boiteries déclarées.

Cependant, la réciproque est également vraie : un parage mal maîtrisé peut entretenir une problématique de boiterie.

Le trio éleveur/pédicure/vétérinaire doit travailler de concert pour déterminer les points positifs et les améliorations à apporter au programme de prise en charge des boiteries.

CAPACITÉ DE PARAGE :

  • Adéquation nombre de parage et besoin de parage :

Afin d’évaluer l’investissement accordé à la résolution d’un problème de boiteries, il est pertinent de comparer le nombre de parages effectué dans l’année avec une évaluation théorique du besoin de parage.

Dans un élevage confronté à un problème récurrent de boiterie, il est raisonnable de recommander un minimum de 2 parages par vache et par lactation. Ces interventions sont positionnées juste avant tarissement et entre 60 et 150 jours de lactation. Certaines vaches avec une mauvaise conformation des sabots peuvent nécessiter un parage plus fréquent (tous les 3 mois). Enfin, les vaches boiteuses sont prises en charge lors du passage du pareur et ne doivent pas attendre pour être soignées : passé un délai d’un mois, il est impossible d’obtenir un taux de guérison satisfaisant.

Pour un élevage de 100 vaches avec 30 % de boiteries, on peut donc définir un besoin théorique de : 100 x 2 + 30 = 230 parages. Si l’éleveur ne prend pas en charge lui-même ses boiteries, le pareur doit passer tous les mois, ce qui représente 12 passages par an pour prendre en charge 230/12 soit 20 parages par mois.

Si le nombre de parages effectué est bien inférieur à ce nombre théorique, le programme de parage ne permet pas la maitrise de la situation.

  • Vitesse de chantier :

La disponibilité du pareur étant parfois un problème, les sessions de parage sont alors trop espacées. Cela conduit le pareur et l’éleveur à mettre en place des chantiers trop ambitieux en nombre d’animaux pour respecter le besoin de parage. Parer régulièrement plus de 25 vaches, boiteuses comprises, par demi-journée avec une seule cage et un seul pareur semble une pratique à risque. Les pareurs qui vont trop vite peuvent oublier des lésions, ne pas appliquer de talonnette quand cela est nécessaire et sont plus sujet à faire des erreurs de parage.

Les pré-cage qui permettent à une vache d’attendre son tour à proximité immédiate du pareur sont la solution pour dépasser cette règle.




  • Délai de prise en charge :

Une boiterie est une affection évolutive. Tout retard de prise en charge altère les chances de guérison. Dans un élevage où l’éleveur ne réalise pas de parage, la prise en charge d’une boiterie est conditionnée par le passage d’un professionnel (pareur ou vétérinaire). Selon la disponibilité, le délai de prise en charge peut s’allonger. 5 jours est un délai correct, 15 jours est acceptable, 1 mois fait perdre 20% de taux de guérison. Au-delà les lésions basculent trop souvent dans la chronicité et la maitrise des boiteries est illusoire.

En dehors de toute évaluation de la technique de parage, les conditions de travail du pareur sont un premier élément primordial pour la réussite d’un schéma de parage. Celles-ci sont souvent régies par l’habitude, premier frein du changement. Le recueil de ces informations est un préalable indispensable à toute discussion sur l’amélioration de la prise en charge des boiteries.

TECHNIQUE DE PARAGE :

  • Parer trop court :

Pour une vache Holstein de taille moyenne, la longueur de la muraille dorsale de l’onglon interne doit être de 8,5 cm à partir de la jonction peau corne. Cette mesure correspond à 7,5 cm à partir du bord des poils (utilisation d’un CLAW CHECK). Si l’onglon est paré trop court, cela amène à amincir la sole de manière excessive en pince, pouvant provoquer des saignements anormaux en sortie de parage et des infections en pince dans les 2 mois qui suivent le parage.

TEST : Utiliser un clou de 90 mm. La tête du clou se loge facilement à la jonction peau-corne, le bout de l’onglon doit correspondre à la pointe du clou.

  • Parage excessif du talon de l’onglon interne :

 Dans un troupeau vivant la majorité du temps sur béton, il est fréquent d’avoir une faible hauteur de talon. Le parage fonctionnel vise à transférer le poids supporté par le talon de l’onglon externe sur l’onglon interne. Pour se faire, il est capital de préserver au maximum la hauteur du talon de l’onglon interne. Un parage excessif de cette zone rend le parage fonctionnel peu efficace.

TEST : Dans un troupeau sans excès de longueur de corne (usure normale à forte) le talon de l’onglon interne ne doit pas être paré. L’onglon interne ne doit pas être intégralement blanchi.

  • Parage de la muraille axiale :

 La surface portante de l’onglon comprend le talon, la muraille abaxiale et la muraille axiale qui revient vers l’espace interdigité sur 1/3 à la moitié de la longueur de l’onglon. Le parage de la muraille axiale réduit la surface portante et favorise les lésions de la sole (bleime).

TEST : Lors du parage, le passage de la meuleuse entre les onglons amène souvent un parage excessif de la muraille axiale. Hors parage, il est anormal de constater la disparition de la muraille axiale sur plusieurs animaux.

  • Sole trop mince en pince :

Le parage fonctionnel correspond très souvent à un amincissement de la sole en pince pour soulager le talon. Cependant, la sole doit conserver une épaisseur minimale pour jouer son rôle. En pince, la sole ne doit pas être dépressible avec une forte pression du pouce. Il arrive qu’à l’introduction sur un béton neuf, les soles soient déjà dépressibles avant même l’intervention du pareur.

TEST : comparer l’épaisseur de la sole en pince sur des vaches parées et non parées afin de juger de l’impact éventuel de l’environnement (usure excessive). Evaluer la dépressivité de la sole en pince à l’endroit où elle est la plus fine (point 2 : 1er tiers de la sole en partant de la pince, au ras de la muraille abaxiale)

  • Parage concave de l’ensemble du pied plutôt qu’à plat :

En pâturage intégral, les pieds des bovins présentent souvent une muraille marquée et une sole concave. Pour les vaches maintenues en partie sur béton, cette concavité disparait très vite. La recréer lors du parage amène à parer excessivement sole et muraille en zone axiale et favorise l’apparition de lésions dans cette zone.  Cette pratique est parfois dénommée « technique du kansas », c’est une adaptation de la méthode conventionnelle qui prône une concavité très modérée du pied et demande une grande maitrise. La recherche de cette concavité amène souvent à pêcher par excès.

TEST : En posant un objet plat sur la sole des 2 onglons, aucun espace ne doit être visible en zone axiale.

  • Bordage :

 Cette pratique consiste à meuler la muraille axiale à l’extérieur du pied. Souvent mise en œuvre dans un souci esthétique, elle peut à la longue dériver en un amincissement excessif de la muraille préjudiciable à la solidité générale de la boite cornée.

TEST : Pied posé au sol, aucune trace de meuleuse ne doit être visible sur le côté du pied. Attention le meulage sur la face dorsale est normal lors de concavité marquée du pied.