Avec la sortie à l’herbe des animaux dans la grande majorité des élevages, c’est la période idéale pour « mettre à niveau » le microbisme des bâtiments


Tout bâtiment d’élevage voit sa contamination augmenter au cours du temps. Un ookyste de cryptosporidie ou de coccidie peut être à l’origine de 32 millions de nouveaux ookystes avec une résistance dans le milieu extérieur de plusieurs années, d’où l’importance de la désinfection dans tout bâtiment d’élevage ayant présenté un épisode pathologique (diarrhées néonatales, omphalites, coccidioses, paratuberculose…)

1/  Quels risques de maladies ?

Si des salmonelles ont été isolées pendant la période hivernale sur certains bovins, le bâtiment est contaminé car l’excrétion perdure au-delà de la période avec symptômes ; veillez au nettoyage complet des abreuvoirs, auges, tables d’alimentation, bas de murs souillés par les projections de bouses. Les salmonelles sont des  bactéries, aussi tout désinfectant est actif pour les éliminer, tant que la surface sur laquelle on l’applique est propre et bien décapée. Pour les sols en terre battue, on peut utiliser la chaux vive, à raison de 500g/m2, après avoir soigneusement curé et éliminé tous les résidus de paille

Si la fièvre Q a été responsable d’avortements, c’est la litière qui est à risque : au moment de la remuer (enlèvement de la stabulation, mise en tas, épandage au champ), la bactérie portée par les poussières est dispersée par voie aérienne. Il est primordial de réaliser ces opérations en l’absence de vent, pour la santé des animaux et plus encore pour la santé humaine, celle de vos proches et des riverains

Si une ou plusieurs vaches ont été détectées paratuberculeuses excrétrices, c’est le moment de s’occuper de la case vêlage et des endroits de la stabulation où ces animaux ont séjourné ou circulé ; et le boxe vêlage est aussi un endroit à risque de contamination des nombrils de veaux

Concernant la nurserie, le temps plus clément permet de sortir les veaux pour les élever temporairement dans d’autres bâtiments vides d’animaux, ou dans des niches « temporaires » ; et mieux encore disposer de quelques niches individuelles ou d’un igloo collectif. Il n’est pas souhaitable qu’un bâtiment veaux soit utilisé tout au long de l’année : le niveau de microbisme augmente, avec particulièrement le risque de coccidiose clinique. Les cryptosporidies et coccidies sont des parasites bien résistants (plus d’un an), d’autres parasites moins fréquemment isolés le sont aussi = strongyloïdes, ascaris, trichures

2/ Durée de persistance des germes dans les effluents d’élevage

La durée de stockage des fumiers et lisiers sortis des bâtiments conditionne leur épuration du microbisme présent ; elle est au minimum d’un mois pour les fumiers, et de 2 mois pour les lisiers (sans nouvel apport quotidien). Si on a été confronté à de paratuberculose ou à des diarrhées néonatales, la durée de stockage et compostage du fumier doit être plus longue (au moins 6 mois) pour pouvoir l’épandre sur prairies pâturées

3/ Pour une bonne décontamination des bâtiments d’élevage

Résistance dans le milieu extérieur des agents infectieux responsables de diarrhées néonatales chez les bovins.

Virus Rotavirus, coronavirus
BVD

(en présence de matières organiques)
Plusieurs mois
Plusieurs semaines
BactérieColibacilles
Clostridies
Salmonelles
Plusieurs mois
Plusieurs années
Plusieurs mois
Parasites Cryptosporidies
Coccidies
Ascaris
Strongyloïdes
1 à 2 ans
Plusieurs années
Plusieurs années
Vit le milieu extérieur

Après le curage des bâtiments, on va procéder au nettoyage = retrait du matériel, dépoussiérage des murs, des plafonds ; vient ensuite l’arrosage complet des surfaces sales, accompagné du passage d’un détergent (particulièrement en nurserie) pour faciliter le décollage des matières organiques.

Le décapage à haute pression, si possible à l’eau chaude, permet d’obtenir des surfaces propres, condition essentielle pour que le désinfectant utilisé soit efficace ; il est appliqué lorsque les surfaces sont sèches. Et enfin, après le respect de toutes ces étapes, un vide sanitaire de 15 jours minimum est recommandé.

Marie-Hélène Guilbert
Vétérinaire GDS Mayenne