Idée Reçue n°1 – Dans l’Union européenne (UE), les animaux d’élevage utilisent plus d’antibiotiques que les humains.

FAUX – L’utilisation d’antibiotiques par kilogramme de biomasse est plus faible chez les animaux d’élevage que chez les humains, comme le montre le dernier rapport JIACRA 2021 publié par le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC), l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) et l’Agence européenne des médicaments (EMA). Des efforts massifs ont été faits par le secteur animal au cours de la dernière décennie, qui a vu une réduction des ventes d’antibiotiques vétérinaires de plus de 34 % (rapport Esvac 2020).


Idée Reçue n° 2 – Dans l’UE, les antibiotiques sont utilisés pour favoriser la croissance des animaux d’élevage.

FAUX – L’utilisation d’antibiotiques comme stimulateurs de croissance chez les animaux d’élevage est interdite dans l’UE depuis 2006. Ils sont encore utilisés dans certains pays non membres de l’UE pour augmenter les taux de croissance des animaux.


Idée Reçue n° 3 – Il existe un risque élevé que les gens tombent malades en raison d’une résistance aux antibiotiques développée chez les animaux et transférée à l’Homme.

FAUX- Les gens peuvent croire que les bactéries résistantes aux antibiotiques sont transférées des animaux aux humains mais, en réalité, une séquence complexe et rare d’événements doit se produire pour que ce soit le cas, ce qui fait du transfert de bactéries résistantes des animaux aux humains un événement rare. De plus, le transfert de bactéries résistantes peut également se produire des humains aux animaux.


Idée Reçue n° 4 – La résistance aux antimicrobiens chez l’Homme est le résultat d’une sur-utilisation d’antibiotiques chez les animaux.

FAUX – Les mécanismes de développement de la résistance aux antibiotiques chez les bactéries sont les mêmes chez l’Homme et l’animal. L’utilisation abusive ou excessive d’antibiotiques chez l’Homme et l’animal peut entraîner le développement d’une résistance chez les bactéries, tandis que le transfert de gènes de résistance aux antibiotiques entre espèces peut se produire occasionnellement et dans les deux sens (voir également la question précédente). Par conséquent, l’interdiction de l’utilisation de certains antibiotiques chez les animaux aura peu d’effet sur le fléau de la résistance aux antimicrobiens chez l’Homme. Ceci est reconnu par de nombreux organismes et autorités scientifiques, qui ont déclaré qu’environ 75 % de la charge totale des infections par des bactéries résistantes aux antibiotiques dans les pays de l’UE et de l’EEE** sont associés aux patients humains et aux établissements de santé. Les autres principaux facteurs sont le manque d’accès à l’eau potable, à l’assainissement et à l’hygiène pour les humains et les animaux, le manque d’accès aux médicaments, aux vaccins et aux diagnostics de bonne qualité et abordables, le manque de sensibilisation et d’information et le manque d’application de la législation. L’interdiction de certains antibiotiques pour une utilisation chez les animaux peut avoir un contre-effet. La dépendance à l’égard de quelques antibiotiques uniquement pour le traitement des infections chez les animaux augmentera la pression sélective sur les bactéries et favorisera la sélection d’organismes résistants aux antibiotiques, conduisant ainsi à l’effet inverse.


Idée Reçue n° 5 – Les antibiotiques sont présents dans les aliments.

FAUX- Dans l’UE, des délais d’attente très stricts sont fixés pour chaque antibiotique à usage vétérinaire, laissant le temps aux médicaments d’être éliminés chez l’animal avant l’abattage. Cela garantit la sûreté alimentaire car les produits alimentaires d’origine animale ne peuvent pas contenir de résidus d’antibiotiques au-delà de limites très strictes.


Idée Reçue n° 6 – L’agriculture intensive favorise le développement de la résistance aux antimicrobiens.

FAUX – Le principal moteur du développement de la résistance est le niveau d’utilisation/mauvaise utilisation des antibiotiques, qui n’est pas nécessairement lié à l’échelle ou au système de l’exploitation. Les bactéries résistantes se trouvent aussi bien dans les exploitations intensives que celles biologiques, car les animaux tombent malades à un moment donné dans tous les systèmes de production et sont donc traités avec des antibiotiques vétérinaires chaque fois que cela est jugé nécessaire par un vétérinaire (règlement (CE) n° 889/2008 de la Commission et règlement (CE) n° 834/2007 du Conseil).


Idée Reçue n° 7 – Les antibiotiques sont excessivement utilisés chez les animaux par des personnes non compétentes.

FAUX – Le règlement 2019/6 indique que les antibiotiques chez les animaux ne sont utilisés qu’après examen, diagnostic et prescription par un vétérinaire. Les vétérinaires sont hautement qualifiés pour évaluer l’état de santé des animaux dont ils s’occupent, diagnostiquer et prescrire le traitement nécessaire, de la même manière que les médecins le font pour les humains. De plus, ils connaissent bien les mécanismes conduisant au développement de la résistance aux antibiotiques et les risques pour les animaux et les humains au même titre que les médecins pour les humains. La surveillance et les soins vétérinaires induits par la mise en oeuvre de visites vétérinaires régulières comme prévu par le règlement (UE) 2016/429 peuvent avoir un impact majeur sur la promotion et la mise en place de meilleures pratiques, ce qui conduit à une meilleure santé des animaux et minimise le besoin d’utiliser des antibiotiques.


Idée Reçue n° 8 – Le traitement préventif est utilisé dans les exploitations de l’UE pour compenser les mauvaises conditions d’hygiène et d’élevage.

FAUX – Les animaux – comme les humains – peuvent tomber malades même s’ils sont gardés dans les meilleures conditions. Les animaux sont reconnus comme des êtres sensibles (article 13 du TFUE***) et doivent être soignés lorsqu’ils tombent malades. Le vétérinaire doit évaluer la situation, diagnostiquer et prescrire le bon traitement à ces animaux malades, y compris des antibiotiques si nécessaire, comme le font les médecins pour les humains. L’application de mesures préventives de biosécurité est également cruciale pour garantir la santé animale globale des animaux. Le règlement 2019/6 interdit l’utilisation préventive (prophylactique) d’antibiotiques dans les groupes d’animaux. Le traitement préventif par antibiotiques chez les animaux n’est autorisé que pour des cas individuels et, exceptionnellement, pour un petit nombre d’animaux, lorsque le risque d’infection est très élevé et que les conséquences sont susceptibles d’être graves. L’utilisation d’antibiotiques chez les animaux n’est autorisée que sur prescription vétérinaire et l’utilisation de médicaments vétérinaires « pour compenser une mauvaise hygiène, un élevage inadéquat ou un manque de soins ou pour compenser une mauvaise gestion de l’exploitation » est expressément interdite, conformément au règlement 2019/6.


Idée Reçue n° 9 – Le traitement des animaux en tant que groupe n’est pas nécessaire dans les pratiques d’élevage dans l’UE.

FAUX – Le traitement de groupes d’animaux par leur eau de boisson/alimentation peut être la méthode de traitement la plus sûre et la plus efficace. Le règlement 2019/4 sur les aliments médicamenteux introduit des règles strictes pour l’utilisation de médicaments par voie orale, via l’alimentation ou l’eau. Prendre le contrôle d’animaux individuellement et leur administrer une injection peut être très stressant pour l’animal, surtout si un traitement impliquant une dose quotidienne est nécessaire. Par conséquent, cela rend le traitement individuel stressant et peu pratique. Il devrait appartenir au vétérinaire de décider de la manière optimale d’administrer les médicaments, qui restent sous contrôle et prescription vétérinaires.


Idée Reçue n° 10 – Nous devons fixer un objectif de zéro utilisation d’antibiotiques chez les animaux.

FAUX- L’objectif devrait être la réduction de la résistance aux antibiotiques et non l’utilisation nulle d’antibiotiques chez les animaux ou chez l’Homme. Les antibiotiques doivent être disponibles en cas de besoin et être utilisés de manière prudente et responsable tant chez l’animal que chez l’Homme, suite à un diagnostic et une prescription d’un vétérinaire (chez l’animal) ou d’un médecin (chez l’Homme), qui ont besoin de ces outils pour contrôler les infections et arrêter la propagation de maladies. ■

* Epruma : European Platform for the Responsible Use of Medicines in Animals (https://epruma.eu).

** EEE : Espace économique européen.

*** TFUE : Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne.

D’après un article paru dans La Dépêche Vétérinaire n° 1584