Une solution à la disparition temporaire de vaccins et de médicaments pharmaceutiques pour prévenir et traiter certaines maladies infectieuses ?

POINT DE SITUATION

Force est de constater que l’arsenal vaccinal et pharmaceutique contre les maladies infectieuses des Bovins et Petits Ruminants est de moins en moins fourni, notamment du fait des regroupements des laboratoires pharmaceutiques vétérinaires. De plus en plus fréquemment, on note des ruptures plus ou moins longues de la disponibilité de vaccins majeurs, comme par exemple ceux contre les diarrhées néonatales des veaux (souches colibacillaires spécifiques).

Les éleveurs peuvent donc se retrouver totalement démunis alors que les taux de mortalité des animaux sont importants et récurrents. Les autovaccins peuvent être une solution à ce problème crucial.


DÉFINITION

L’autovaccin est un : « médicament vétérinaire immunologique fabriqué en vue de provoquer une immunité active à partir d’organismes pathogènes provenant d’un animal ou d’animaux d’un même élevage, inactivés et utilisés pour le traitement de cet animal ou des animaux de cet élevage » (L 5141-2 du CSP).

Cela ne concerne donc que la lutte contre les infections bactériennes et non virales et l’autovaccin est donc du « sur mesure » pour l’élevage où ont été isolées le ou les souches responsables de la maladie.

Le ou les souches bactériennes présentes dans l’autovaccin sont obligatoirement inactivées.


CADRE RÉGLEMENTAIRE

Très utilisé en élevage porcin (on estime son utilisation à un élevage sur 4 en France, notamment pour la truie en maternité contre Streptococcus suis), ils ont longtemps été interdits en France en Ruminants pour risque de transmission des prions responsables de l’ESB. Ils ont retrouvé un usage légal seulement en 2017.

Leur préparation et leur utilisation sont strictement encadrées par la réglementation.

Leur prescription s’inscrit obligatoirement dans le cadre de la cascade vétérinaire.

La réglementation interdit par principe la préparation d’autovaccin pour un couple agent pathogène/espèce animale pour lequel un vaccin dispose d’une autorisation de mise sur le marché en France.

Elle permet néanmoins aux entreprises disposant d’une autorisation de préparation d’autovaccins de solliciter une dérogation en cas d’insuffisance thérapeutique déclarée par le vétérinaire prescripteur auprès de l’Anses ou d’impossibilité technique à utiliser ce vaccin dûment justifiée. Le recours à un autovaccin est alors en deuxième intention. La dérogation, valable pour l’élevage et le couple agent pathogène/espèce animale considéré, est limitée à 18 mois, renouvelable sur demande écrite.

Trois établissements de préparation d’autovaccins sont homologués en France : en Bretagne (Labocea; public) et en Pays de Loire (Filavie, Biovac ; privés).

RÉALISATION PRATIQUE

1) Prélèvement

Le vétérinaire réalise le prélèvement sur animal vivant (lait, sang, aspiration transtrachéale ou ATT,…)  ou mort  (intestin, foie, cerveau…) et l’envoie au LDA 53 pour la Mayenne. La qualité du prélèvement est primordiale.

2)  Isolation par le laboratoire

Le laboratoire départemental isole et cultive les bactéries pathogènes à partir de ces prélèvements.

3) Envoi au fabriquant de l’autovaccin et fabrication de l’autovaccin

Les souches bactériennes pures peuvent être envoyées directement au fabriquant d’autovaccins par le laboratoire, accompagnées de l’ordonnance du vétérinaire. D’autres documents administratifs doivent être envoyés à l’ANSES ; ce qui peut entraîner des retards de procédure.

Le délai de fabrication est d’environ 6 semaines selon la composition de l’autovaccin.

4) Envoi de l’auto-vaccin au vétérinaire

La livraison s’effectue au domicile professionnel du vétérinaire, seul habilité à délivrer l’autovaccin.

5) Vaccination des animaux

Les protocoles de vaccination dépendent de la cible visée (vaccination des mères et des issues par le colostrum) et ne diffèrent pas fondamentalement de ceux des vaccins classiques. Ils sont classiquement administrés en deux injections espacées d’1 mois avec rappel annuel.

L’administration se fait par voie sous-cutanée.

Exemples d’utilisations d’autovaccins en Bovins :

  • protection contre certaines souches colibacillaires en diarrhée néonatales
  • protection  des veaux contre Mycoplasma Bovis, Haemophilus somnus en infections respiratoires

Exemples d’utilisations d’autovaccins en Petits Ruminants :

  • protection contre Corynebacterium pyogenes, responsable de la lymphadénite caséeuse chez la chèvre
  • protection contre Manheima Haemolytica,  responsable de la pasteurellose chez le mouton
  • Mycoplasmoses et abcès à microcoques de Morel chez la chèvre

On pourrait aussi envisager leur utilisation contre certaines souches de tréponèmes responsables de la Maladie de Mortellaro en bovins.