« L’été sera chaud ! »


POUR UN ABREUVEMENT AU PÂTURAGE SANS RISQUE SANITAIRE

Les épisodes de chaleur intense estivaux s’annoncent plus nombreux et de plus longue durée. Le risque de manque d’eau utile à l’abreuvement des bovins sera donc à maitriser dans ces moments, pour assurer la thermorégulation des vaches laitières et ne pas entraver la productivité.

Les besoins en eau des bovins laitiers au pâturage varient de quelques litres (en mai en ration 100% herbe mouillée et à t°<15°C) à plus de 130 litres par jour et par animal (ration plus sèche et 30°c). Cette quantité d’eau varie en fonction du taux de matière sèche de la ration (herbe jeune d’Avril à ration sèche en fin d’été), et bien sûr de la production en lait des vaches laitières mais aussi de la température extérieure (10 à 30°C). Le parcellaire exploité par pâturage peut parfois être loin de l’exploitation (1 km), avec possiblement des dénivelés positifs qui vont nécessiter une pression plus élevée pour maintenir le débit à l’abreuvoir.

Pour garantir un abreuvement avec une eau sans risque sanitaire, il faudra d’abord veiller à exclure les eaux stagnantes (mare) et la plupart des eaux superficielles (rivière, ruisseau). Ces eaux de surface sont sujettes à des dégradations de qualité, par les eaux de ruissellement, mais aussi les déjections des animaux.  Les eaux du réseau AEP (Alimentation en Eau Potable), l’eau des puits et forages offre une plus grande sécurité pour la qualité. Il faudra veiller à ce que les abreuvoirs restent propres (vidange, brossage, désinfection régulière) et éviter le réchauffement de l’eau qui favorise la multiplication microbienne (circuit à enterrer, abreuvoir de volume adapté pour un bon renouvellement).


Combien et où mettre les abreuvoirs ?

Dans les systèmes fourragers valorisant l’herbe, les parcelles accessibles aux vaches laitières doivent bénéficier d’un réseau d’eau pour un abreuvement à volonté. Les abreuvoirs seront de capacité suffisante (200 à 400 litres) en nombre adaptés au troupeau et au mode de pâturage.

Distance : pas plus de 300 m entre l’abreuvoir et la zone pâturée et accessibilité à au moins 10 % du troupeau en même temps. Eviter les abreuvoirs au bord de la clôture électrifiée et les positionner à l’ombre.


Comment aménager le réseau d’eau ?

Au Gaec de l’Herbe, un aménagement rationnel permet d’assurer un abreuvement « ad-libitum » de notre troupeau.

Pour abreuver 70 vaches laitières pâturant 24 ha d’herbe répartis en 3 îlots de 8ha avec un dénivelé de 15 mètres, 700 m entre l’abreuvoir le plus éloigné et le local eau.

Pour respecter un accès facile à l’eau, 5 abreuvoirs sont à prévoir, en période chaude, le rush doit permettre à 7 vaches de s’abreuver simultanément pour 20 à 30 litres bus, la capacité choisie sera donc de 300 litres minimum.

Les débits disponibles (à mesurer) seront d’au moins 600 litres/heure en 1, 800 litres/heure en 2 et 3 et 900 litres/heure en 4 et 5, et doivent être cumulables pour alimenter au moins deux abreuvoirs simultanément.

Pour arriver à ce résultat, il faudra disposer de 4 à 5 bars de pression au départ et constituer un réseau sur les 300 à 400 premiers mètres en tube PEHD (bonne glissance et moins d’accroche)  de 32 mm jusqu’en B, puis en 25 mm ou 20  mm suivant les distances.

Les réseaux d’eau d’abreuvement des bovins seront enterrés (au moins pour les plus grosses sections).

Ces réseaux seront purgés avant la saison de pâturage, nettoyés et désinfectés régulièrement. Il faudra aussi veiller au débit suffisant des flotteurs à niveau constant du bac d’abreuvement.

Pour prévenir des besoins de pointe lors des coups de chaleur, il faudra prévoir d’ajouter un bac lors de ces épisodes de chaleur intense.

Tout manque d’eau pour un troupeau de vaches laitières se traduira par une baisse de production, des animaux plus nerveux.


L’EAU EN SALLE DE TRAITE ET LAITERIE

L’eau de l’exploitation sert aussi au lavage de la machine à traire, du tank à lait, des lavettes et la vaisselle laitière. Pour cette partie les quantités consommées sont, comme pour l’abreuvement,  relativement incompressibles. La récupération des eaux de lavage MàT ou l’utilisation d’eau de toiture limitent les quantités d’eau prélevées sur le réseau public, ou les puits et forages. Compte tenu de leur faible qualité, liée au mélange d’eaux, au mode de récupération et de stockage, ce type d’eau ne doit être utilisé que pour le lavage des sols. La qualité bactériologique dégradée de ces eaux ne permet pas de l’utiliser pour le lavage des griffes ou des manchons. Dans un tel cas, il existerait un risque de contamination du lait par des germes pathogènes.

L’analyse d’eau d’abreuvement des bovins

Les critères à connaitre pour l’utilisation de l’eau en lavage machine à traire, tank et vaisselle laitière, au-delà des exigences bactériologiques (Escherichia-coli, entérocoques intestinaux) pour les chartes de production, devront aussi comporter une analyse de physico-chimie. Le Ph, la dureté de l’eau (teneur en Ca et Mg) : ces deux critères vont conférer à l’eau un pouvoir tampon qui limitera l’action de l’acide en lavage MàT. Le fer, le manganèse et autres substances oxydables seront aussi à contrôler et à maitriser, car l’alcalin chloré de lavage MàT va réagir pour former des oxydes (rouille et dépôts noirs), limitant l’action de désinfection et provoquant différents dépôts colmatant les canalisations (perte de débit) mais aussi les ballons de chauffe eaux. De plus, la dureté, le fer et le manganèse, vont provoquer l’entartrage des bouilleurs (production de vapeur) utilisés pour la désinfection en traite robotisée, qu’il faudra donc protéger en amont ou nettoyer plus fréquemment.

Dans tous les cas, la qualité de l’eau d’abreuvement des bovins doit être contrôlée par analyse, une fois par an, pour les critères de bactériologie, mais aussi régulièrement, par une analyse plus complète avec une partie physico-chimie.


Loïc Fulbert

Conseiller Spécialisé Eau

GDS Mayenne